Pardonnez-nous ce photomontage douteux, mais nous nous rendons compte trop tard que nous n’avons pris aucune photo de nous deux ensemble sur le bateau. On fait ce qu’on peut avec ce qu’on a.
Revenons à nos moutons.
Après quelques jours de galère, nous sommes très (très) heureux de découvrir notre nouvelle maison flottante pour le mois prochain aka Jane. Profitons d’un instant promotion : vous trouverez le site de l’association organisant des stages à bord de Jane en cliquant sur Jane (petite gymnastique d’esprit sur cette phrase, en gros cliquez sur la photo).
Bref, nous embarquons sur Jane à Saint Malo avec cinq autres personnages. Petite présentation rapide desdits personnages : Kevin le capitaine, X le cuistot (le nom a été changé par soucis d’anonymat), Margot le mutin, Margot le caméraman et Ziz le matelot.
Les débutants apprennent deux choses importantes en ce premier jour de nav : le courant, ça influence tout autant l’avancée d’un bateau que le vent, et rester à l’intérieur du bateau, ça donne la gerbe.
En dehors de ça, c’est une excellente première journée, on avance vite et bien, ça gite un peu mais ça va, il fait beau et sensiblement chaud, on tire fort sur des bouts pour hisser les voiles et on fait tout un tas de choses qu’on comprend pas, mais tout vient à point à qui sait attendre.
On arrive à Saint-Quay-Portrieux et on suit un petit topo vent-lecture-de-cardinales qui sera bien utile à la team. Oui, on part de loin.
Après ça, nous jouons au Cracklist, X le cuistot est de mauvaise foi et mauvais joueur.
Malgré des connaissances assez faibles en la matière, Margot le mutin, débordante d’ambition, parle déjà d’une appropriation du bateau par la force et recrute le reste des débutants de l’équipage (Zoé, Ziz le matelot et Margot le caméraman), ainsi qu’X le cuistot (il en faut quand même un qui sache faire, faut pas déconner).
Deuxième jour, premier grain. L’équipage choisit de ne pas mettre ses habits de quart, est-ce que la pluie ça mouille vraiment après tout.
Troisième jour, cinquième grain. Les bateautistes revêtent leur meilleurs habits fluo, et se préparent à arriver à Roscoff pour s’y protéger de la tempête de demain. Entre temps, le bateau a été sensiblement pris en main, les débutants commencent à connaître le jargon maritime (et à en abuser, clairement) et on réalise notre premier empannage pendant que Margot le mutin pique un petit somme.
Journée tempête. Certains se lèvent tôt et vont à la boulangerie sans ramener des sandwichs pour tout le monde (un seum assez mal digéré, comme vous pouvez le constater), d’autres se lèvent tard et se surcafféinent.
L’équipage décide tout de même de booster sa productivité aux alentours de 16h et suit un cours donné par Kevin le capitaine sur la cartographie et les marées. Ce petit aperçu de la navigation sans GPS et internet permet à tout le monde de se rendre compte que « à l’époque, ça devait quand même être un délire ».
On apprend tout plein de choses, on utilise un compas et on a encore plus l’impression d’être des pirates, on utilise la règle Cras et on a encore plus l’impression d’être des idiots, mais on s’amuse bien.
La tempête passe et on redécolle le lendemain pour l’Aber Wrac’h. Beaucoup de vent ce jour là, Zoé et Ziz le matelot galèrent de fou à hisser la grand voile (GV pour les intimes). L’équipage est obligé d’ariser (diminuer la voilure) tellement ça souffle. Margot le mutin s’envoie une petite sieste qui lui évite cette manoeuvre.
Après-midi très spéciale, Kevin le capitaine met en charge Margot le mutin, Margot le caméraman et Zoé d’affaler les voiles en autonomie pendant que Flo barre le bateau. Premier test réel pour Margot le mutin, qui prend directement son rôle de capitaine à coeur.
La manoeuvre est réussie tant bien que mal, Margot le mutin se fait ensevelir sous la voile, Margot le caméraman se trompe de drisse et Zoé manque de tomber en tirant trop fort sur un bout. Kevin le capitaine est dépité, mais félicite gentiment tout l’équipage.
Le groupe arrive dans le port avec succès, et Kevin le capitaine présente le programme du lendemain : grosse nav avec mouillage à côté de la pointe de Pen-Hir et potentiellement petite balade si on débarque avec l’annexe.
Tout le monde est très excité aujourd’hui, le mouillage c’est chouette, on va jeter l’ancre pour la première fois.
On arrive au coucher de soleil dans les tas de pois et les grandes falaises de la pointe de Pen-Hir. C’est extraordinaire, on en aurait la larme à l’oeil si on n’était pas aussi concentrés sur notre manoeuvre d’arrivée (et si on était pas des vrais pirates durs à cuire).
Kevin le capitaine et X le cuistot nous expliquent que, quand on dort au mouillage, on dort moins bien parce qu’on est inconsciemment plus vigilants de peur que l’ancre ne tienne pas. Ce stress n’affecte pas le reste de l’équipage qui se déresponsabilise totalement et dort comme des bébés.
On fait tout de même des rondes pour aller vider l’eau dans la cale avec la pompe, certains se lèvent à 2h et 5h du matin, certains choisissent le créneau du 8h du matin (ces gros lâches).
Réveil en douceur ce matin, Kevin le capitaine et X le cuistot proposent d’aller sur la côte en utilisant l’annexe (= mini bateau gonflable) dans lequel il n’y a que cinq places. Ils se désistent gentiment pour que le reste de l’équipage puisse profiter.
Avant de partir, Flo note tout de même la présence d’un shortbreak qui pourrait nous compliquer l’arrivée si une vague venait à retourner l’annexe comme une crêpe. X le cuistot et Kevin le capitaine nous expliquent qu’il n’y a pas de risques tant qu’on descend tous en même temps de l’annexe.
Nous (Flo et Ziz le matelot) ramons jusqu’à la côte. Plus nous nous approchons, plus les vagues qui s’écrasent sur le sable paraissent imposantes et plus le stress monte. Pour ne rien arranger, un groupe de longes-côtistes assez nombreux nous observe.
Nous prenons une première vague et la surfons, une deuxième, une troisième et sautons de l’annexe.
Nous sortons de l’eau en courant comme des héros sous les yeux admiratifs de notre public.
Nous nous baladons sur la pointe en regardant Jane, le paysage est dinguissime, une petite brume enveloppe le bateau, les falaises sont escarpées, la lumière du soleil tamisée. A l’appui, une petite photo qui ne rend absolument pas justice à ce que nous avons vu.
Après cette petite marche et petite grimpouille pour les plus agiles, nous reprenons l’annexe. Nous nous rendons très très rapidement compte que l’arrivée n’était pas du tout la partie complexe de notre périple puisque nous sommes maintenant face aux vagues et ne pouvons pas compter sur elles pour nous faire surfer jusqu’à l’arrivée.
Nous courrons à l’eau avec notre rafiot, sautons dedans et ramons face aux vagues de toutes nos forces.
Une vague plus grosse que les autres nous positionne assez mal et une seconde nous remplit le bateau d’eau. Nous faisons demi-tour en urgence et une dernière vague nous achève, retournant complètement l’annexe et nous projetant tous à l’eau. Nous coulons lamentablement.
Nous comprenons enfin pourquoi X le cuistot et Kevin le capitaine n’ont pas souhaité nous accompagner.
Courageux que nous sommes, nous y retournons en courant. Cette fois-ci, la précipitation est plus grande, nous nous crions dessus et nous ramons comme si nos vies en dépendaient (toujours plus).
Nous franchissons la barre de vagues et arrivons au bateau. Kevin le capitaine et X le cuistot n’hésitent pas à se moquer, mais nous ont quand même préparé un café, donc on est quitte, j’imagine.
On repart, il n’y a pas de vent (pétole comme diraient les pros) et nous sortons absolument toutes les voiles. Nous faisons quelques virements de bord assez désespérés et remarquons que nous reculons. Nous arriverons donc à Brest au moteur.
Nous arrivons à bon port et faisons un debrief de la semaine. Nous nous apercevons que Margot le mutin a réussi à faire des siestes pendant absolument toutes les manoeuvres en mer, ça promet.
Tout le monde débarque sauf nous et nous sommes tristes.
Nous repartons quelques jours plus tard pour Concarneau, Flo et Zoé seuls avec Kevin le capitaine. Nous devons passer le raz de Sein, le timing va être un peu serré mais si il y a suffisamment de vent, on devrait s’en sortir.
On se dépêche mais il n’y a pas de vent, ça tartine pas du tout.
Nous arrivons devant le raz de Sein, les vagues déferlent et le courant est contre nous, nous ne passons pas du tout. Nous faisons demi-tour, en même temps, on est partis beaucoup trop tard.
Nous nous réfugions à Camaret et patientons en attendant un nouveau créneau.
D’autres personnages nous y rejoignent et nous terminons la route jusqu’à Lorient avec notre nouvel équipage.